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AXES STRATÉGIQUES DE L’IOD

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Pour atteindre ses objectifs , l’Initiative Oasis Durables se propose d’agir  selon trois axes complémentaires conduisant à un équilibre durable  des systèmes oasiens : reconnaître, préserver et développer.  Ces axes stratégiques sont présentés schématiquement comme suit (figure 1) :

l’initiative oasis durables (1).png

Assurer une meilleure reconnaissance du caractère unique et de la vulnérabilité des oasis

Agir en faveur de
la préservation du patrimoine oasien : biodiversité et système humain

Investir dans
les actions de développement assurant la pérennité économique des oasis

 

AXE 1

Reconnaissance de la vulnérabilité des oasis

Cet axe vise une meilleure reconnaissance du caractère unique et de la vulnérabilité des écosystèmes oasiens. Aussi, est-il prévu dans ce sens de mener des actions qui vont permettre de :    -Reconnaître les oasis comme des écosystèmes vulnérables et menacés par les changements climatiques ;    -Recenser tous les espaces oasiens aussi exhaustivement que possible ;    -Mobiliser et constituer des coalitions des acteurs concernés pour défendre l'intérêt de ces espaces oasiens. 1.1. La reconnaissance des caractères des oasis Pour reconnaître les caractères de vulnérabilité des oasis aux effets des changements climatiques, le travail consistera en l’établissement de critères scientifiquement reconnus, tangibles et appropriés. Ces critères devraient également conduire à une labellisation des oasis à l’instar des espaces reconnus en tant que Système Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) instauré par la FAO ou le cas des Réserves de Biosphère mis en place par l’UNESCO. La reconnaissance des oasis devra également aboutir à la mise en place de comités scientifiques dont les actions se focaliseront sur des thématiques de protection et de développement durable des oasis tout en constituant des bases de données et de connaissances orientées vers la résolution pratique des problèmes posés pour les oasis. L’amélioration des connaissances sur les systèmes oasiens, leur vulnérabilité et leur importance écologique, économique et sociale, va servir comme base pour, d’une part sensibiliser le grand public et d’autre part constituer du lobbying auprès de divers acteurs dont ceux concernés par les impacts des changements climatiques. Les bases de connaissances ainsi développées vont aider à construire un argumentaire dans ce sens et défendre la cause des oasis. 1.2. Le recensement exhaustif des zones oasiennes C’est la deuxième composante de l’axe 1 de l’Initiative Oasis Durables. Il s’agit d’élaborer une cartographie et une typologie des espaces oasiens dans les zones arides de la planète. Pour ce faire, on devra capitaliser notamment sur les travaux des agences nationales et internationales de lutte contre la désertification : Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) et des autres organisations et institutions (UNESCO, FAO, OSS, PNUD, …). Ce travail de cartographie et d’inventaire couvrira l’ensemble des domaines en l’occurrence : a- La cartographie des sols et de leur occupation ; b- La cartographie des « écosystèmes » (géomorphologie et paysages) ; c- La cartographie de la biodiversité (la végétation) et des autres ressources naturelles ; d- La cartographie des ressources en eau et de leurs utilisations (comptabilité et audit de l’eau, aménagements hydro-agricoles) ; e- La cartographie des espaces environnants et identification des interactions existantes ; f- L’inventaire du patrimoine culturel et humain et des savoir-faire locaux en vue de leur valorisation et de leur préservation. 1.3. La mobilisation des acteurs Constituer des coalitions pour défendre la cause et l’intérêt des oasis, est la troisième composante de l’axe 1 de l’initiative. Il s’agit donc d’identifier tous les acteurs des divers horizons et origines (gouvernements, décideurs politiques, agences nationales et internationales, bailleurs de fonds, institutions scientifiques, organismes de sensibilisation et de communication, organisations professionnelles, producteurs, industriels, organisations non gouvernementales, formateurs…) et les sensibiliser à la problématique et les menaces qui pèsent sur les oasis ainsi qu’aux solutions envisageables pour préserver et développer durablement ces écosystèmes.

AXE 2
Préservation des écosystèmes oasiens

L’axe 2 de l’Initiative Oasis Durables se consacre à la préservation des écosystèmes oasiens. Il comporte trois composantes couvrant : 1-La protection de la biodiversité et du patrimoine naturel oasien ; 2-La préservation des techniques de production et l’optimisation de la ressource Eau ; 3-La préservation du patrimoine architectural et culturel. Il s’agit globalement d’agir en faveur de la préservation des systèmes oasiens dont notamment les systèmes humains hébergés. 2.1. La protection de la biodiversité et du patrimoine naturel oasiens Les efforts vont porter sur la protection de la biodiversité végétale et animale et du patrimoine naturel des systèmes oasiens. Pour ce faire, plusieurs actions sont prévues pour lutter contre les facteurs de dégradation de ces richesses naturelles, particulièrement ceux liés aux risques climatiques, aux maladies et ravageurs et aux activités anthropiques. Afin de lutter contre les risques menaçant la biodiversité, l’Initiative Oasis Durables se propose de mettre en place des systèmes d’alerte concernant les sécheresses, les incendies, les inondations, l’ensablement, les invasions des criquets pèlerins et la pullulation des autres ravageurs et la dissémination des maladies. Ces systèmes une fois installés, vont permettre de prévenir les risques et de diminuer les impacts par la prise de dispositions appropriées. ​ Le renforcement de la résilience des systèmes oasiens passera par : -L’appui à la recherche développement sur la biodiversité de ces écosystèmes ; -Le soutien aux actions de sensibilisation et de communication auprès des acteurs, des décideurs et du grand public ; -La mise en place d’un réseau d’observatoires dédiés notamment pour le suivi, la veille et l’alerte notamment dans les domaines : o du développement agricole et rural ; o de la gestion des déchets solides et liquides ; -La lutte contre la dégradation de l’eau et du sol ; -La gestion durable des ressources naturelles : eau et sol (écosystèmes y compris les paysages) ; -La mise en place de systèmes de valorisation et d’utilisation adéquate de la biodiversité afin de garantir sa protection et sa durabilité. Compte tenu de l’intérêt des parcs naturels dans la préservation de ces richesses naturelles, il est prévu dans le cadre de cette initiative de créer, d’encourager et de développer des parcs nationaux et des aires protégées. La création de ces parcs se fondera sur l’identification et la caractérisation des espaces ainsi que la mise en place de plans de gestion adaptés. Les actions de lutte contre les maladies, les ravageurs, les inondations et les autres facteurs de dégradation et de pollution se feront en intégrant :-Le développement de la recherche scientifique sur ces milieux oasiens particulièrement les aspects de dégradation et les innovations pour les dépasser -Le renforcement des actions sanitaires internationales de prévention et de protection contre la dissémination des ennemis menaçant les faciès végétaux naturels, les cultures et la faune ; -L’encouragement des partenariats, échanges et la collaboration entre les organismes de recherche et de développement nationaux et internationaux. ​ Les oasis ont pu survivre au cours des siècles grâce à l’utilisation de techniques permettant de maintenir les équilibres dans ces écosystèmes. Aussi, s’avère-t-il nécessaire d’accorder une attention particulière à la préservation et la réhabilitation de telles techniques agricoles qui ont bien montré leur pertinence et leur contribution à la durabilité. Parmi ces techniques figurent les méthodes ancestrales de mobilisation de l’eau et d’irrigation, tel est le cas des systèmes Khettaras qui sont actuellement menacés de disparition si des actions pour leur réhabilitation et maintenance ne sont pas prises et si d’autres mesures de préservation des ressources en eau souterraine ne sont pas mises en œuvre. C’est là un chantier de base qu’il est urgent de mettre en œuvre pour mobiliser et utiliser durablement cette ressource naturelle et vitale (l’eau) pour les oasis. Le chantier de réhabilitation des techniques traditionnelles de l’irrigation sera abordé à travers : -La mobilisation de toutes les ressources en eau possibles, en l’occurrence : o Prospection des nappes profondes ; o Collecte des eaux de pluies ; o Amélioration des capacités de stockage (barrages collinaires / souterrains, bassins, ...) ; o Généralisation des réseaux d'assainissement ; o Mise en place des stations d’épuration et réutilisation des eaux usées en agriculture ; o Développement des cultures les plus adaptées à la rareté des ressources en eau ; -L’introduction de nouvelles technologies d’irrigation adaptées au contexte oasien et amélioration de l’efficience de l’irrigation ; -La reconversion à l'irrigation localisée, chaque fois que cela est possible, notamment à la périphérie des oasis ; -L’exploitation optimale des eaux de crue dans le contexte de changement climatique ; -La modernisation du cadre juridique régissant les droits traditionnels d’eau de surface et des eaux souterraines (contrat des nappes) ; -Le renforcement des capacités des organisations d’utilisateurs de l’eau agricole et la transmission du savoir-faire. ​ 2.2. La préservation des techniques agricoles et optimisation des ressources La réhabilitation et l’entretien des systèmes traditionnels, la pérennisation et la recharge artificielle des nappes phréatiques alimentant un tel système (khettaras, foggaras, réseaux de répartition et de distribution traditionnels intra-oasiens, réseau de drainage, berges, seguias, puits…) ; 1- La préservation des ressources en eau souterraine et l’optimisation de la gestion conjointe des eaux de surface et des eaux souterraines ainsi que la gestion des concurrences entre les différentes utilisations de la ressource. La transmission de bonnes pratiques et l’utilisation des nouvelles technologies adaptées représentent une voie d’intervention que l’Initiative envisage de mettre en œuvre afin de préserver les techniques anciennes pertinentes et introduire de nouvelles à même de les améliorer et les adapter. Dans ce sens, on pourrait envisager de : 2- mettre en place des programmes de formation et de qualification professionnelles, et de systèmes d’encadrement des acteurs (conseil agricole) ; 3- développer, renforcer et diffuser des techniques agro-écologiques pour un développement agricole intégré et durable ; La recherche-développement est une action à promouvoir dans le cadre de la préservation et l’amélioration des techniques pratiquées au sein des systèmes oasiens. Elle doit couvrir l’ensemble des composantes de l’agroécosystème en accordant une attention particulière au pilier de l’agriculture oasienne à savoir le palmier dattier sans oublier les autres espèces cultivées en association. Cette recherche-développement aura notamment à : *Porter sur la conduite technique, l’irrigation et la valorisation des spéculations agricoles du système oasien (palmier dattier et cultures associées) ; *Contribuer à la constitution de banques de données dédiées aux techniques oasiennes ; *Servir de base pour l’encouragement de la collaboration entre les instituts de recherche et la communauté scientifique ; ​ 2.3. La préservation des patrimoines  architectural et culturel La troisième composante de l’axe 2 de la stratégie de l’Initiative Oasis Durables se focalise sur les aspects liés à L'urbanisation, à la protection et à la valorisation des patrimoines architectural et culturel. Ces volets ont toute leur importance du fait même qu’ils constituent des éléments de base de différenciation et d’identité des oasis. Cette composante est abordée à travers trois principales actions : -L’amélioration de l’encadrement juridique de l'urbanisation permettant de séparer les espaces de production de ceux bâtis ou à construire et de délimiter les carrières pour ne pas affecter les espaces à valeur écologique et/ou scientifique. Cette action aura également à : * œuvrer pour l’élaboration et la diffusion d’une législation d’urbanisation adaptée ; * mettre en place des schémas d’aménagement oasien selon une démarche participative. * La promotion de la culture des espaces oasiens par des événements dédiés à la préservation et la valorisation de ce riche patrimoine. A ce niveau, les efforts seront consacrés à : * identifier, décrire et recenser les patrimoines socio-culturels des diverses oasis ; *  organiser les festivals et les événements de valorisation des pratiques culturelles ancestrales et les faire connaître pour les préserver ; *  élaborer des supports médiatiques audio-visuels à la portée du grand public : films, DVD, etc * mettre en place de réseaux d’écomusées pour la conservation de la civilisation oasienne. * La protection du patrimoine architectural des oasis constitue un chantier à conduire à travers : * La réalisation de l’inventaire et le classement de sites historiques ; * La restauration et la réhabilitation des bâtis du patrimoine oasien (Ksours et Kasbahs) ; * Le développement de modèles de logement modernes et adaptés aux conditions oasiennes en préservant le paysage architectural ; * La recherche-développement sur les matériaux de construction et diffusion des résultats adaptés à l’habitat oasien.

AXE 3
Développement durable des écosystèmes oasiens

Ce troisième axe adopté dans l’Initiative Oasis Durables complète les deux autres axes à travers la proposition d’une vision d’investissement en actions de développement assurant d’une manière intégrée et participative la durabilité économique, environnementale et sociale des oasis. Trois principales composantes structurent cet axe : 1-Le développement des activités agricoles et des filières de production adaptées ; 2-Le développement des systèmes de production et de valorisation solidaire ; 3-La diversification des activités socio-économiques et la promotion de petites et moyennes entreprises de service. 3.1. Développement des activités agricoles et des filières adaptées C’est une composante d’intérêt économique mais également paysager et social compte tenu des rôles multifonctionnels de l’agriculture. L’agriculture oasienne montre bien ces rôles en raison de l’exiguïté des exploitations et des interactions existantes que toute intervention doit prendre en considération pour assurer la durabilité du système. Ainsi, cette composante œuvrera pour développer : * des spéculations agricoles adaptées (choix des espèces et des variétés appropriées au contexte oasien) ; * la labellisation des produits de terroir, de l’agriculture biologique et de l’agro- écologie oasienne afin de mieux différencier les produits des oasis ; * des systèmes de conservation frigorifique et autre pour sécuriser et optimiser la valorisation et la commercialisation ; * la recherche-développement et le transfert de technologies pour une meilleure maîtrise des techniques de production adaptées au contexte oasien ; * les instituts de formation professionnelle et de qualification, et les structures d’encadrement et de conseil agricole pour une amélioration continue et durable des compétences. ​ 3.2. Développement des systèmes de production et de valorisation solidaires ​ L’analyse des structures des exploitations et la caractérisation de l’agriculture oasienne font ressortir la nécessité de raisonner les systèmes de production et d’œuvrer pour le regroupement et l’organisation des exploitants sous différentes formes. L’objectif étant une meilleure gestion de l’espace et une valorisation rationnelle des ressources et des produits. Dans ce sens, il y aura à agir pour : a- une généralisation de la création de systèmes coopératifs au niveau de l’espace oasien ; b- un développement de l’organisation professionnelle collective : groupements d’intérêt économique, unions de coopératives, fédérations professionnelles ; c- un renforcement des capacités techniques et de gestion des coopératives, des groupements et des associations ; d- un développement de l’esprit d’entreprenariat, de l’auto-emploi et de la prise d’initiative chez les jeunes et les femmes ; e- un renforcement des capacités des organisations sociales traditionnelles. ​ 3.3. Diversification des activités socio-économiques et promotion de petites et moyennes entreprises de service Les oasis étant des lieux d’habitation, offrent ainsi des opportunités pour l’exercice des diverses activités humaines. Il y a lieu de rappeler les rôles qu’elles ont pu assurer dans le passé en matière de commerce, d’escales et de promotion d’échanges dans les vastes espaces désertiques. Ces opportunités, malgré l’agressivité du climat, continuent à exister et il est recommandé de les valoriser. Aussi, est-il pertinent d’agir pour : * le développement du tourisme oasien : écotourisme, sites naturels d’intérêt géologique et biologique ; * le soutien aux activités économiques traditionnelles : artisanat, petit commerce, prestation de services ; * la valorisation durable des ressources naturelles : gisements naturels, mines, … ; * l’encouragement de toutes les initiatives de développement social ; * la promotion de petites et moyennes entreprises de service.

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